Pour finir encore...


Depuis que je lui ai emprunté un titre, il n'arrête pas de me tourner autour. Comme il me tendait les bras, attirait mon regard à chaque passage, j'ai fini par m'approcher. J'ai relu ses textes, recherché dans mes notes. Oui, je reconnaissais sa part, oui, j'admirais sa radicalité mais je ne voyais toujours pas où il voulait en venir. Ce n'est que ce matin que j'ai compris. Il l'avait caché à la dernière page, je n'avais jamais été si loin dans ce recueil de fragments. Je le délivre du message qu'il tenait tant à m'adresser :

va-et-vient dans l'ombre, de l'ombre intérieure à l'ombre extérieure du soi impénétrable au non soi impénétrable en passant par ni l'un ni l'autre comme entre deux refuges éclairés dont les portes sitôt qu'on s'approche se ferment doucement, sitôt qu'on se détourne s'entrouvrent doucement encore revenir et repartir appelé et repoussé sans percevoir le lieu de passage, obnubilé par cette lueur ou par l'autre seul bruit les pas que nul n'entend jusqu'à s'arrêter pour de bon enfin, pour de bon absent de soi et d'autre alors nul bruit alors doucement lumière sans déclin sur ce ni l'un ni l'autre non perçu cette demeure indicible


Il n'a pas mis de ponctuation, c'est juste un souffle. Sacré Samuel, toujours le mot pour pas rire...