Je suis un gens du voyage, discontinu et horizontal... et, s'il reste du monde ...
Inattendu...
J'ai vu l'immensité, j'ai scruté l'abîme, observé l'illimité, et le rêve que j'avais en moi s'est retrouvé hors de moi...
Epreuve...
Preuve de moi et preuve du monde, seize heures dix, quatre novembre deux mille sept, Cargèse, planèteTerre.
Un instant saisissable sort de l'ombre et projette ce que je suis, indiscernable tourbillon, processus de courte durée, décomposition incessante, passage d'un état à un autre, encore inconnu...
(Texte, un peu court, inspiré par Botho Strauss)
Un instant saisissable sort de l'ombre et projette ce que je suis, indiscernable tourbillon, processus de courte durée, décomposition incessante, passage d'un état à un autre, encore inconnu...
(Texte, un peu court, inspiré par Botho Strauss)
Je Suis, à la plage...
Hier, Je Suis est allé à la plage. L'humanité entière l'attendait, étalée, offerte à son regard. Tout le genre humain était bien représenté, grouillant... Je Suis a ressenti un début d'écoeurement à l'idée de s'ajouter à cette quantité phénoménale d'organes, de peau, de poils. Je Suis a cherché un carré de sable oublié, du pied il a écarté délicatement ce qu'il a identifié comme étant des algues, il a soigneusement arrangé son drap de bain, examiné du coin de l'oeil la chair plus ou moins fraiche qui l'entourait, oté son tricot cent pour cent coton orange, cherché de la main son étui à lunettes et la crême protectrice. Assis sur sa serviette gris pâle, Je Suis a regardé la mer, mesuré le taux d'envie de faire trempette, et puis, a considéré, tout bien, a remis son polo, plié et rangé la serviette, gardé les lunettes et a retiré son morceau de viande de l'étalage...
Agencements...
Le monde nous apparaît d'abord comme on nous l'a montré. Dociles, on a répété les mots, les idées, enfilé les illusions les unes après les autres. On s'est équipé pour l'agir et le dire. Pourtant, un jour ou l'autre, on ne s'y retrouve plus, on traîne un tas informe de préjugés, d'à priori, d'idées toutes faites, du prêt à penser, à voir, à faire. Difficile de se défaire de l'embrouillamini dans lequel on est empétré. Reste à se mettre en retrait, à déméler ses habitudes, se détordre, se replier, autrement. Regarder le monde en posant comme principe premier l'égalité des choses. Alors, devant soi, le monde se transforme, l'insignifiant grandit, l'important se réduit, les formes s'équilibrent. Plus tard, quand l'esprit a abandonné ses vieux plis, les objets s'organisent, se disposent pour poétiser le nouveau monde...
Dehors Dedans ???
Je Suis se retrouve à l'ombre de Dehors Dedans, apaisé. La Révolte s'est refermée. Un nouvel espace s'entrouvre, remarques inutiles à destination des pas pressés, des attardés, des promeneurs égarés, des futiles, des inconséquents, de ceux qui prennent du plaisir à cet étrange attachement. Sans engagement ni promesse à trahir, Je Suis passe du temps comme il l'entend, parole imprévisible, sans tenue ni respect des conventions.
Dedans, comme dehors, une part de réalité, une part d'illusion... Je Suis continue à vivre sa vie rêvée, à réécrire sa vie vécue... Dans chaque tête, il y a le monde et, sur cette scène, les reflets jouent leur part de vie, intense et volatile.
Doutant de ce drôle d'existant, Je Suis ne s'interroge plus sur le sens, la raison d'être, il s'engage sur le chemin...
Déjà vu ...
Planète Blog...
La réalité et son ombre
Dégagés des lieux et de l’espace, nous occupons les interstices du temps. Dans une existence débarrassée des sujets et des objets, nous participons, sans coopérer, à des évènements qui ne s’accomplissent que par l’imagination. Nous sommes possédés, les autres s’imposent à nous sans que nous les assumions. Ils entrent en nous et nous entrons en eux. Nous sommes saisis et emportés. Pour commercer avec ces ombres, nous tricotons une doublure désincarnée, une ambiguité, qui s’étend à la pensée, à la vie intérieure. En reflet de la part révélée dans la lumière, s’insinue, dans l’entretemps, une essence obscure et insaisissable qui est son en deçà...
( Texte inspiré, librement (très), de Levinas )
Dégagés des lieux et de l’espace, nous occupons les interstices du temps. Dans une existence débarrassée des sujets et des objets, nous participons, sans coopérer, à des évènements qui ne s’accomplissent que par l’imagination. Nous sommes possédés, les autres s’imposent à nous sans que nous les assumions. Ils entrent en nous et nous entrons en eux. Nous sommes saisis et emportés. Pour commercer avec ces ombres, nous tricotons une doublure désincarnée, une ambiguité, qui s’étend à la pensée, à la vie intérieure. En reflet de la part révélée dans la lumière, s’insinue, dans l’entretemps, une essence obscure et insaisissable qui est son en deçà...
( Texte inspiré, librement (très), de Levinas )
Sacré micmac...
- Non, attends, c'est trop l'fun.
- Dépêche, il va pleuvoir.
- Non, sérieux, je me sens bien, à ma place...
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Rien, je reste, j'ai trouvé mon centre.
- Allez, bouge, on a encore de la route.
- Vas-y si tu veux, moi vouloir vivre icite.
- Dans ce tipi pourri, au milieu de nulle part ?
- Toi, pas pouvoir comprendre, icite être terre de mes ancêtres. Wigwam.
- Quoi ?
- C'est pas un tipi, c'est un wigwam.
- Très drôle.
- Toi, squaw, aller plutôt chercher eau de feu pour Fleur de Lune.
- Passe-moi les clés de la voiture.
- Moi plus parler avec squaw nerveuse, moi fumer avec mes frères Micmac.
- Bon, il pleut, j'y vais, tu prendras un taxi ou tu demanderas à ta nouvelle famille de te ramener à l'hôtel.
- Hugh.
- C'est ça, salut, t'es vraiment lourd...
Remarque: On déboule un jour, quelque part. Des gens s'occupent de nous, nous racontent des tas d'histoires, nous obligent à faire les choses d'une certaine manière... On finit plus ou moins par s'habituer, à trouver tout ça presque normal. Mais les choses auraient pu être différentes, on aurait pu tenir un autre rôle, faire d'autres grimaces, apprendre à dire les choses autrement avec la même conviction. Et si j'étais vraiment un indien, qu'est-ce que ça pourrait bien faire, en quoi le monde serait-il changé ?...
- Dépêche, il va pleuvoir.
- Non, sérieux, je me sens bien, à ma place...
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Rien, je reste, j'ai trouvé mon centre.
- Allez, bouge, on a encore de la route.
- Vas-y si tu veux, moi vouloir vivre icite.
- Dans ce tipi pourri, au milieu de nulle part ?
- Toi, pas pouvoir comprendre, icite être terre de mes ancêtres. Wigwam.
- Quoi ?
- C'est pas un tipi, c'est un wigwam.
- Très drôle.
- Toi, squaw, aller plutôt chercher eau de feu pour Fleur de Lune.
- Passe-moi les clés de la voiture.
- Moi plus parler avec squaw nerveuse, moi fumer avec mes frères Micmac.
- Bon, il pleut, j'y vais, tu prendras un taxi ou tu demanderas à ta nouvelle famille de te ramener à l'hôtel.
- Hugh.
- C'est ça, salut, t'es vraiment lourd...
Chez les Micmacs, Gaspésie août 2007
Conciliabule
Dehorsdedans dehors, posé devant un caractère causé par une météorite de 15 milliards de tonnes, il y a 350 millions d’années. Les dimensions échappent à son entendement et le laissent songeur.
En agrandissant le cliché, on voit mieux la scène :
DéDé n'est pas seul, Caillou est installé à ses côtés. Ils sont en pleine conversation devant ce trou du monde. On ne sait pas ce qu'ils se sont dit...
Révélation
L'énigme du sourire de Mona Lisa était pourtant simple à résoudre. Ce sourire mystérieux, tant glosé, est celui qui s'affiche sur notre visage devant un commentaire, un billet. Il ne s'adresse à personne, il est un mouvement involontaire qui vient du fond de l'être et se perd dans le vide qui l'entoure.
Pour finir encore...
Depuis que je lui ai emprunté un titre, il n'arrête pas de me tourner autour. Comme il me tendait les bras, attirait mon regard à chaque passage, j'ai fini par m'approcher. J'ai relu ses textes, recherché dans mes notes. Oui, je reconnaissais sa part, oui, j'admirais sa radicalité mais je ne voyais toujours pas où il voulait en venir. Ce n'est que ce matin que j'ai compris. Il l'avait caché à la dernière page, je n'avais jamais été si loin dans ce recueil de fragments. Je le délivre du message qu'il tenait tant à m'adresser :
va-et-vient dans l'ombre, de l'ombre intérieure à l'ombre extérieure du soi impénétrable au non soi impénétrable en passant par ni l'un ni l'autre comme entre deux refuges éclairés dont les portes sitôt qu'on s'approche se ferment doucement, sitôt qu'on se détourne s'entrouvrent doucement encore revenir et repartir appelé et repoussé sans percevoir le lieu de passage, obnubilé par cette lueur ou par l'autre seul bruit les pas que nul n'entend jusqu'à s'arrêter pour de bon enfin, pour de bon absent de soi et d'autre alors nul bruit alors doucement lumière sans déclin sur ce ni l'un ni l'autre non perçu cette demeure indicible
Il n'a pas mis de ponctuation, c'est juste un souffle. Sacré Samuel, toujours le mot pour pas rire...
L'absente...
C'est la part manquante, celle qu'on nomme désir, le mécanisme fragile et caché. Ce texte dérive depuis longtemps, il apparaît et disparaît, détaché du reste...
- Quoi encore ? .....
Il la regardait à la dérobée. Peut-être parlait-elle, mais sur son visage nulle bienveillance à l’égard de ce qu’elle disait, nul consentement à parler, une affirmation à peine vivante, une souffrance à peine parlante. Il aurait voulu avoir le droit de lui dire : “Cesse de parler si tu veux que je t’entende.”...
- Quand je vous parle, c’est comme si toute la part de moi qui me couvre et me protège m’abandonnait et me laissait exposée et très faible . Où va cette part de moi ? Est-ce en vous ou se retourne-t-elle contre moi?
Elle donnait l’impression, quand elle parlait, de ne pas savoir relier les mots à la richesse d’un langage antérieur. Ils étaient sans histoire, sans rapport même avec sa vie à elle, ni la vie de personne. Pourtant, ils disaient ce qu’ils disaient avec une exactitude que seul leur manque d’équivoque rendait suspecte : comme s’ils avaient eu une signification unique hors de laquelle ils redevenaient silencieux ... Et il y avait eu ce jour où elle lui avait déclaré :
-Je sais à présent pourquoi je ne vous réponds pas. Vous ne m’interrogez pas.
- C’est vrai, je ne vous interroge pas comme il faut.
- Pourtant vous m’interrogez constamment, cela me fait trop à répondre...Vous écoutez l’histoire, comme s’il s’agissait de quelque chose d’émouvant, de remarquable, d’intéressant.
Il lui semblait, tant il l’épiait, qu’elle reculait insensiblement et l’attirait dans son mouvement de retrait...
-Vous ne vouliez pas vraiment savoir, je l’ai toujours senti...
Il s'enveloppait de ses mots, de ses confessions, se berçait dans ses abandons retenus. Insensiblement, une part s'était détachée de lui, autonome et égarée, il la laissait divaguer. Parfois, il résistait, cherchait à s'éloigner, il ne savait plus quand il avait commencé à se prendre pour un personnage de l'histoire. Il s'absentait souvent, assis, immobile, hagard.
Un matin, il s'est levé et il est parti sans se retourner. On ne l'a plus revu. On ne sait pas ce qu'elle est devenue. Elle n’était personne. Elle n’avait jamais existé et allait disparaître dans les ombres...
Ce texte est très largement inspiré de " L'attente, l'oubli" de Maurice Blanchot. Blanchot est un auteur silencieux, presque inaccessible.
Quand je commence ses romans et récits, j'ai l'impression de rentrer dans le texte, mais très vite les mots se dérobent, je me retrouve sur une terre inconnue et je suis obligé de rebrousser chemin. Cette année, ce livre s'est ouvert. Je ne pouvais pas le quitter des yeux. J'ai lu et relu ces phrases qui s'étaient mises à me parler, à moi, rien qu'à moi...
- Quoi encore ? .....
Il la regardait à la dérobée. Peut-être parlait-elle, mais sur son visage nulle bienveillance à l’égard de ce qu’elle disait, nul consentement à parler, une affirmation à peine vivante, une souffrance à peine parlante. Il aurait voulu avoir le droit de lui dire : “Cesse de parler si tu veux que je t’entende.”...
- Quand je vous parle, c’est comme si toute la part de moi qui me couvre et me protège m’abandonnait et me laissait exposée et très faible . Où va cette part de moi ? Est-ce en vous ou se retourne-t-elle contre moi?
Elle donnait l’impression, quand elle parlait, de ne pas savoir relier les mots à la richesse d’un langage antérieur. Ils étaient sans histoire, sans rapport même avec sa vie à elle, ni la vie de personne. Pourtant, ils disaient ce qu’ils disaient avec une exactitude que seul leur manque d’équivoque rendait suspecte : comme s’ils avaient eu une signification unique hors de laquelle ils redevenaient silencieux ... Et il y avait eu ce jour où elle lui avait déclaré :
-Je sais à présent pourquoi je ne vous réponds pas. Vous ne m’interrogez pas.
- C’est vrai, je ne vous interroge pas comme il faut.
- Pourtant vous m’interrogez constamment, cela me fait trop à répondre...Vous écoutez l’histoire, comme s’il s’agissait de quelque chose d’émouvant, de remarquable, d’intéressant.
Il lui semblait, tant il l’épiait, qu’elle reculait insensiblement et l’attirait dans son mouvement de retrait...
-Vous ne vouliez pas vraiment savoir, je l’ai toujours senti...
Il s'enveloppait de ses mots, de ses confessions, se berçait dans ses abandons retenus. Insensiblement, une part s'était détachée de lui, autonome et égarée, il la laissait divaguer. Parfois, il résistait, cherchait à s'éloigner, il ne savait plus quand il avait commencé à se prendre pour un personnage de l'histoire. Il s'absentait souvent, assis, immobile, hagard.
Un matin, il s'est levé et il est parti sans se retourner. On ne l'a plus revu. On ne sait pas ce qu'elle est devenue. Elle n’était personne. Elle n’avait jamais existé et allait disparaître dans les ombres...
Ce texte est très largement inspiré de " L'attente, l'oubli" de Maurice Blanchot. Blanchot est un auteur silencieux, presque inaccessible.
Quand je commence ses romans et récits, j'ai l'impression de rentrer dans le texte, mais très vite les mots se dérobent, je me retrouve sur une terre inconnue et je suis obligé de rebrousser chemin. Cette année, ce livre s'est ouvert. Je ne pouvais pas le quitter des yeux. J'ai lu et relu ces phrases qui s'étaient mises à me parler, à moi, rien qu'à moi...
Danger turinois
Ce texte a été écrit par Varna. Il l'a publié dans un espace secret, réservé. En sentinelle avisée, postée sur son promontoire, il veillait. Personne ne sait pourquoi...
Chez lui il s'en retourne, sa journée est finie.
Mais est-ce bien là ?
Oui, il se souvient maintenant qui le dernier a parlé en cet endroit,
Retrouve ses propres pensées, reprend de ce moi secret la monture,
Qui dans le royaume de l'esprit la veille encore chevaucha.
Il fut entre-temps appelé à tant de choses, si différentes, si éloignées de lui !
Il en perdrait presque cet autre, en quelque sorte...son « moi d'ici » !
« Ce lieu est dédaigné du Monde », songea-t-il,
Fâché de devoir s'y enfermer pour honorer sa solitude.
« Quelle est ton oeuvre à toi ? » lança-t-il un jour à sa moitié
– Elle qui court le Monde –
« A part de quoi me nourrir, que m'en rapportes-tu ? »
- « Moi ? Je suis justement ton autre, et il m'en coûte de partager avec toi !
Car je suis le dehors quand toi tu n’es qu’une ombre
Qui cherche le soleil en son dedans !
Que te servent tes yeux puisque tu leur préfères
Cette conscience tienne qui prétend voir plus profondément ?
Et tes mains et ton coeur et tes jambes
Doivent-ils se satisfaire d'être ainsi privés de leurs mouvements ?!
Vois, déjà tu te consumes, le désert croît, prends garde !
L'esprit finit toujours par confisquer les sens et la raison
De qui de son profond regard abuse,
Il creuse un puits sans fond sous chacune de ses paupières
Un puits d'où ne brille bientôt plus aucun regard et que plus rien n'éclaire,
Un puits au fond duquel hélas, parce que privé de son autre
Plus rien n'est soleil, plus rien n'est ombre,
Plus rien n'est moi :
Danger turinois.
Danger turinois
Chez lui il s'en retourne, sa journée est finie.
Mais est-ce bien là ?
Oui, il se souvient maintenant qui le dernier a parlé en cet endroit,
Retrouve ses propres pensées, reprend de ce moi secret la monture,
Qui dans le royaume de l'esprit la veille encore chevaucha.
Il fut entre-temps appelé à tant de choses, si différentes, si éloignées de lui !
Il en perdrait presque cet autre, en quelque sorte...son « moi d'ici » !
« Ce lieu est dédaigné du Monde », songea-t-il,
Fâché de devoir s'y enfermer pour honorer sa solitude.
« Quelle est ton oeuvre à toi ? » lança-t-il un jour à sa moitié
– Elle qui court le Monde –
« A part de quoi me nourrir, que m'en rapportes-tu ? »
- « Moi ? Je suis justement ton autre, et il m'en coûte de partager avec toi !
Car je suis le dehors quand toi tu n’es qu’une ombre
Qui cherche le soleil en son dedans !
Que te servent tes yeux puisque tu leur préfères
Cette conscience tienne qui prétend voir plus profondément ?
Et tes mains et ton coeur et tes jambes
Doivent-ils se satisfaire d'être ainsi privés de leurs mouvements ?!
Vois, déjà tu te consumes, le désert croît, prends garde !
L'esprit finit toujours par confisquer les sens et la raison
De qui de son profond regard abuse,
Il creuse un puits sans fond sous chacune de ses paupières
Un puits d'où ne brille bientôt plus aucun regard et que plus rien n'éclaire,
Un puits au fond duquel hélas, parce que privé de son autre
Plus rien n'est soleil, plus rien n'est ombre,
Plus rien n'est moi :
Danger turinois.
Il était trois fois...
Dans notre dos, les mots et les images ricanent, nous promènent, nous attendent, patiemment...
Premier plan : Dehors Dedans
Moi Je a cru choisir Dehors Dedans comme un jeu de mots. Il est arrivé pour s'installer sur la scène, faire son intéressant. Il avait choisi son public, défini un protocole, "son expérience". Il se cachait derrière Art et Pensée pour parler de lui, montrer ce qu'il savait faire. Sorti de l'ombre, exposé dans la lumière. il a goûté au plaisir de la reconnaissance. Et puis, poussé dans ses retranchements, au risque de se découvrir, il s'est échappé.
Deuxième plan : La révolte des formes
Devenu pitre s'exhibant et fanfaronnant, Moi Je s'est effacé, et c'est Je Suis, son reflet, qui a accepté de reprendre le rôle. Je Suis est plus humble et travaille avec Ironie qui le protège. Il est à distance, une image. Mais les images sont sensibles, trompeuses et déforment les sens de sa réalité. Avant de balancer, absent à lui-même, comme un pantin hors du temps, il a préféré casser la vitre.
Troisième plan : Cailloux et coquillages
Libérés, réconciliés, unis et complices Moi Je et Je Suis sont revenus, en douceur. Détachés, ils envisageaient sereinement leur nouvelle vie de couple, apaisée, posée... Bien décidés à rester à la surface des choses, se promener sur les aspérités du quotidien... Ils n'ont rien vu venir, pas senti Caillou s'installer dans leur dos. Ignorer ce noyau dur, résister, fuir, l'affronter ? Serrés l'un contre l'autre, ils ne savent pas ce qui les attend...
Les mots et les images nous racontent nos histoires. Après une année de présence ici, j’ai vécu Moi Je qui joue sur le devant de la scène et, en coulisses, Je Suis qui veille, surveille, tire les ficelles de la conscience, analyse, juge, bosse pour sauver les apparences. Le tour semblait joué, quand il a bien fallu admettre qu’il y avait autre chose, tapi dans l’ombre, insaisissable, qui s’amusait de ce manège et qui intervenait sans avertir. Ces trois images, choisies inconsciemment comme avatars, savaient déjà tout ça...
Premier plan : Dehors Dedans
Moi Je a cru choisir Dehors Dedans comme un jeu de mots. Il est arrivé pour s'installer sur la scène, faire son intéressant. Il avait choisi son public, défini un protocole, "son expérience". Il se cachait derrière Art et Pensée pour parler de lui, montrer ce qu'il savait faire. Sorti de l'ombre, exposé dans la lumière. il a goûté au plaisir de la reconnaissance. Et puis, poussé dans ses retranchements, au risque de se découvrir, il s'est échappé.
Deuxième plan : La révolte des formes
Devenu pitre s'exhibant et fanfaronnant, Moi Je s'est effacé, et c'est Je Suis, son reflet, qui a accepté de reprendre le rôle. Je Suis est plus humble et travaille avec Ironie qui le protège. Il est à distance, une image. Mais les images sont sensibles, trompeuses et déforment les sens de sa réalité. Avant de balancer, absent à lui-même, comme un pantin hors du temps, il a préféré casser la vitre.
Troisième plan : Cailloux et coquillages
Libérés, réconciliés, unis et complices Moi Je et Je Suis sont revenus, en douceur. Détachés, ils envisageaient sereinement leur nouvelle vie de couple, apaisée, posée... Bien décidés à rester à la surface des choses, se promener sur les aspérités du quotidien... Ils n'ont rien vu venir, pas senti Caillou s'installer dans leur dos. Ignorer ce noyau dur, résister, fuir, l'affronter ? Serrés l'un contre l'autre, ils ne savent pas ce qui les attend...
Les mots et les images nous racontent nos histoires. Après une année de présence ici, j’ai vécu Moi Je qui joue sur le devant de la scène et, en coulisses, Je Suis qui veille, surveille, tire les ficelles de la conscience, analyse, juge, bosse pour sauver les apparences. Le tour semblait joué, quand il a bien fallu admettre qu’il y avait autre chose, tapi dans l’ombre, insaisissable, qui s’amusait de ce manège et qui intervenait sans avertir. Ces trois images, choisies inconsciemment comme avatars, savaient déjà tout ça...
La preuve...
... et pendant ce temps, Vous pense sûrement que Je s'amusait, que Je perdait son moi dans des activités inutiles, ... que nenni, Je travaillait incessamment à arranger le monde pour qu'il prenne la forme qui convient, mais c'est du boulot...
Je sait, Vous n'est pas convaincu, il lui faut toujours des preuves ...
... insuffisant ? , trop facile ?...
... peut-être que Vous va commencer à croire ?
... et là ?
...
Je a commencé par la Corse parce que c'est plus petit et qu'il n'avait qu'une semaine.
Je sait, Vous n'est pas convaincu, il lui faut toujours des preuves ...
... insuffisant ? , trop facile ?...
... peut-être que Vous va commencer à croire ?
... et là ?
...
Je a commencé par la Corse parce que c'est plus petit et qu'il n'avait qu'une semaine.
Règle du Je...
Sur les pentes du Vésuve, avril 2006..
J'avance dans l'obscurité, les deux mains en avant. De temps en temps, je touche quelque chose. Ce qui est touché donne corps à ma pensée. Quand quelqu'un me touche, j'ouvre les yeux et je le reconnais. Vous ne pouvez pas sortir de mon Je sans mon autorisation. Seule option pour se débarrasser de moi : m'éliminer de votre Je.
Comment dire...
Montréal, métro, juillet 2007
Cette semaine, j’ai manifesté silencieusement mon insatisfaction, j’ai défilé avec ma pancarte.
Le 7 avril 2006 j’écrivais : “Il arrive un moment où le commentaire est plus important que le texte”. Les commentaires ici ou sur vos textes sont les moteurs de ma parole, l'interaction nécessaire à ma survie sur cette planète. Chez Quotidien, les échanges sont codifiés, le langage est d'abord un outil de traitement de l’information. Dans les livres, le langage absent parle à l’être silencieux. Ici, la vie intérieure prend le dessus, s’installe à son aise et va à la rencontre de ce qui se tient en retrait.
Vivre et poursuivre dans cet espace ne doivent pas, pour moi, entrer en collusion, en confusion, avec les autres espaces. Je participe à un jeu (Je) public exprimant des formes de vie. Règle du jeu : rester en Je.
Depuis que Je Suis est présent ici, il a changé. Sa vie intérieure s’est dilatée, elle déborde mais son être s’est unifié.
Il ne cherche pas, n'attend rien, il laisse les fenêtres ouvertes.
Le paysage n'existe que si quelqu'un le regarde. Le monde n'existe que si quelqu'un le raconte. Les commentaires sont mes comment dire...
... 10
Chacun est dans son enveloppe avec sa lettre. elle n'a pas de destinataire, juste un désir. un jour, On la trouve, la lit et se persuade qu'elle lui est adressée, On répond et On attend...On s'installe dans un échange où On s'imagine correspondre, On s'abîme dans les contresens, les malentendus, les angles morts... souvent, le mirage s'évanouit et On reste songeur, avec les morceaux de l'illusion entre les doigts...
... 9
Approche irrationnelle, concentrée sur des points croisés par hasard... Tentative désespérée pour découvrir un signe, reconnaître un élément du motif.
Aveu...
"Depuis des années, mon propriétaire m'emmène courir sur des sentiers escarpés.. Il me réveille sans ménagement, me déguise en Cat Woman ( ça j'aime bien ) et hop, nous voilà partis... je vous passe les détails... Quand on est tout rouge et en nage, il s'arrête, enfin. Là, il me tire dans tous les sens et je sais que je vais bientôt rentrer. L'année dernière, un jour, je l'ai fait tomber, il a fait la gueule pendant des semaines..."
Caillou
Lumière...
On se promène dans la vie habillé en gris, de la tête aux souliers, marche sérieuse vers le faire et le prévu, On avance en pensant à la suite, le repas, le lit. le monde ne l'intéresse pas, On est occupé, préoccupé, la facture, le pain, les affaires urgentes, quoi...
un brouillard d'indifférence le sépare des choses, insignifiantes... et puis, parfois, On est brutalement stoppé et saisi par une main invisible. le voile se déchire et la beauté l'assaille. on reste interdit, un peu inquiet, troublé de se retrouver dans une image, un tableau... un bruit, une présence le rappellent vite à l'ordre. plus tard, songeur, On doute, On interroge l'existence d'un monde parallèle, parfait, celui où On évolue dans les instants volés...
un brouillard d'indifférence le sépare des choses, insignifiantes... et puis, parfois, On est brutalement stoppé et saisi par une main invisible. le voile se déchire et la beauté l'assaille. on reste interdit, un peu inquiet, troublé de se retrouver dans une image, un tableau... un bruit, une présence le rappellent vite à l'ordre. plus tard, songeur, On doute, On interroge l'existence d'un monde parallèle, parfait, celui où On évolue dans les instants volés...
Fable...
Au début de l'histoire, Autrui n'existe pas, Je Suis est tout occupé à s'être, se libérer d'Anonyme qui l'envahit. Je Suis est solitaire pour conquérir Commencement. Mais Je Suis se retrouve enfermé, prisonnier de Identité et doit supporter Moi Je. Je Suis ne peut se laisser tomber, il doit lutter pour assumer Destin. Lassitude et Paresse guettent ses faux pas. Je Suis sait le phénomène irreversible, le risque d'être Personne. Enchaîné à lui-même jusqu'à Nausée, Je Suis est écrasé par le poids d'Existence. Ne trouvant plus assez Ressource en lui, poussé par Besoin, il doit se quitter et s'exiler dans le monde, le transformer en nourriture. Travail et Possession seront ses nouveaux envahisseurs. Mais Je Suis, même gavé, ne peut s'apaiser. Seul Autrui peut le libérer, éviter la rechute dans Moi Je. Devenant Etre Par et Pour Autrui, Je Suis se délie alors de son enchaînement...
( une fantaisie libre inspirée de Levinas )
... 6
Avec le temps, On nous installe dans la vie, nous pose quelque part. Si Je Suis ne se révolte pas, un jour, On nous retrouve pétrifié.
Sur le premier cliché, On choisit un pied à terre.
Sur le deuxième, Je Suis est installé, face à la mer. Nous remarque une légère tristesse, une langueur imprévue dans la posture...
numéro un :
numéro deux :
Sur le premier cliché, On choisit un pied à terre.
Sur le deuxième, Je Suis est installé, face à la mer. Nous remarque une légère tristesse, une langueur imprévue dans la posture...
numéro un :
numéro deux :
( Cap du Bon Désir , août 2007 )
... 1
- Caillou !
-...
- t'as vu ?
-...
- t'as plein de com et tu dis rien ?
- ...
- tu réponds plus ?
-...
- normalement, tu dois répondre ...
- ...
En résumé..
Que faisons-nous ici mangés par le temps qui nous reste ? Cela a-t-il un sens ? Ne sommes-nous pas des attardés, des inadaptés, des objets déposés par un monde qui tourne trop vite, accrochés à nos sièges, fixés à nos écrans ? ... G. Simmel a fait une analyse de cette drôle de condition. Je tourne et creuse autour depuis le début, une mise à jour était nécessaire.
...." La plénitude et la signification de la vie se retrouvent dans des temps et des espaces virtuels, dans un ailleurs sans lien avec la suite des évènements et des lieux de la vie quotidienne. Nous les découvrons dans le présent et en nous-mêmes, dans des zones endotiques de l'existence (opposées à exotiques). Ce qui se manifeste tout d'abord comme étranger est déjà en nous. Mieux, c'est nous. Dans ce faux mouvement, nous découvrons l'essentiel dans l'inessentiel, fixant le centre de nos intérêts à la périphérie de la vie ordinaire : dans le marginal, dans l'excentrique, dans les possibilités non saturées qui s'offrent à nous comme un don ou comme le résultat d'une activité qui n'est pas entièrement voulue (l'aventure, les rêves, les oeuvres d'art).
Traversant des espaces logiquement intraversables, nous franchissons sur l'aile du désir le miroir qui sépare le réel de l'imaginaire et pénétrons dans un monde sans épaisseur qui paraît plus riche de sens que l'univers tridimensionnel où nous vivons effectivement. Un jeu s'établit entre le proche et le lointain. Et nous voici poussés vers une zone d'irréalité véridique ou de déréalisation qui nous satisfait, vers une illusion plus vraie que toutes les réalités qui nous entourent (plus vraie, non au sens perceptif ou logique, mais dans la mesure où elle nous tient davantage à coeur et ce, parce que nous y pressentons un lieu où se réalisent des possibilités hors de portée du monde réel). Ainsi s'ouvrent d'improbables et imprévisibles fenêtres de sens, des mondes et des enclaves bénéficiant par rapport à la réalité et au temps chronologique d'une extraterritorialité, qui nous parlent d'une autre existence plus digne d'être vécue, d'un joyau enchâssé dans la banalité du quotidien, d'une éternité conçue comme fin des relations temporelles..."
Etonnant, non ? Pas plus avancé, mais rassuré... Je ne suis pas une hallucination collective.
...." La plénitude et la signification de la vie se retrouvent dans des temps et des espaces virtuels, dans un ailleurs sans lien avec la suite des évènements et des lieux de la vie quotidienne. Nous les découvrons dans le présent et en nous-mêmes, dans des zones endotiques de l'existence (opposées à exotiques). Ce qui se manifeste tout d'abord comme étranger est déjà en nous. Mieux, c'est nous. Dans ce faux mouvement, nous découvrons l'essentiel dans l'inessentiel, fixant le centre de nos intérêts à la périphérie de la vie ordinaire : dans le marginal, dans l'excentrique, dans les possibilités non saturées qui s'offrent à nous comme un don ou comme le résultat d'une activité qui n'est pas entièrement voulue (l'aventure, les rêves, les oeuvres d'art).
Traversant des espaces logiquement intraversables, nous franchissons sur l'aile du désir le miroir qui sépare le réel de l'imaginaire et pénétrons dans un monde sans épaisseur qui paraît plus riche de sens que l'univers tridimensionnel où nous vivons effectivement. Un jeu s'établit entre le proche et le lointain. Et nous voici poussés vers une zone d'irréalité véridique ou de déréalisation qui nous satisfait, vers une illusion plus vraie que toutes les réalités qui nous entourent (plus vraie, non au sens perceptif ou logique, mais dans la mesure où elle nous tient davantage à coeur et ce, parce que nous y pressentons un lieu où se réalisent des possibilités hors de portée du monde réel). Ainsi s'ouvrent d'improbables et imprévisibles fenêtres de sens, des mondes et des enclaves bénéficiant par rapport à la réalité et au temps chronologique d'une extraterritorialité, qui nous parlent d'une autre existence plus digne d'être vécue, d'un joyau enchâssé dans la banalité du quotidien, d'une éternité conçue comme fin des relations temporelles..."
Etonnant, non ? Pas plus avancé, mais rassuré... Je ne suis pas une hallucination collective.
Pressé ...
Je suis retenu derrière la grille, occupé par le monde des faits et gestes. Le temps affolé me rythme sur une cadence effrénée. Impossible de lui échapper, de prendre la pause pour papoter encore sur la couleur de la pensée ou l'innocence des cailloux. Le devoir-faire s'est emparé de moi, il me promène, m'agite en mode accéléré, de très tôt à déjà trop tard, sans répit. Je cours, peine perdue,... juste essoufflé...
Désaveu...
Je suis avare de confidences. A chaque fois que Je commence à parler de moi, nous entendons un signal d'alerte qui lui ferme la bouche et me rappelle à l'ordre. On ne doit pas m'étaler devant le monde, un peu de retenue. Mais bon, avec le temps, Je me dit aussi qu'Il a réussi à faire fuir les curieux, les ahuris et autres mauvais clients, que ceux qui sont encore là m'aiment bien, et qu'un peu d'indiscrétion les distrairait sûrement. Ils vont être déçus, c'est pas notre genre...
( photo couleur, non retouchée...)
Prison Break ...
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